Accorder une remise sur facture est un levier puissant pour convaincre un client de signer un devis et fidéliser sa clientèle dans un marché compétitif. Mais appliquée sans méthode, elle peut grignoter vos marges, générer des erreurs de TVA ou compliquer un contrôle fiscal.
Voici un guide complet pour utiliser la remise sur facture de manière stratégique et conforme, tout en protégeant la rentabilité de votre activité.
Remise, rabais, ristourne : comprendre les différences
Ces trois types de réduction ont des fonctions distinctes :
- Remise : appliquée sur le prix HT avant TVA, souvent pour fidéliser ou ajuster le prix selon le volume. Par exemple, pour un devis de 8 000 € HT, une remise de 5 % représente 400 €, portant le montant à 7 600 € HT avant TVA.
- Rabais : accordé après livraison en cas de retard, défaut ou non-conformité. Exemple : un retard de chantier justifie un rabais de 150 € sur la facture.
- Ristourne : calculée en fin d’année selon le volume d’achats, versée sous forme d’avoir. Exemple : un fournisseur accorde 3 % de ristourne annuelle si le volume dépasse 50 000 € HT.
Comprendre ces différences permet de mieux structurer votre facturation et d’éviter des erreurs comptables.
Pourquoi proposer une remise peut être stratégique
Une remise peut :
- - Aider à débloquer une négociation sans brader votre travail.
- - Fidéliser un client sur le long terme.
- - Inciter un client à accepter un acompte ou un paiement comptant.
- - S’inscrire dans une stratégie commerciale maîtrisée, sans systématisation.
Il est préférable de ne pas annoncer une remise dans le devis initial, mais de l’intégrer en fin de négociation lorsque le prix est le seul obstacle restant, afin de valoriser l’effort consenti et de ne pas dévaloriser votre prestation.
Obligations légales et comptables
Pour rester conforme :
- - Mentionner la remise de manière explicite sur la facture avec le taux ou le montant exact.
- - L’appliquer sur le montant HT avant calcul de la TVA.
- - Présenter le prix initial, le montant de la remise et le montant net à payer.
- - Enregistrer correctement en comptabilité (compte 709 pour les remises accordées, compte 609 pour celles obtenues).
Par exemple, sur un devis de 5 000 € HT avec 5 % de remise :
- Remise : 250 € HT.
- Montant HT après remise : 4 750 €.
- TVA 20 % : 950 €.
- Total TTC : 5 700 €.
Remises et aides à la rénovation
Certaines aides à la rénovation peuvent s’intégrer dans le devis sous forme de remises :
- Primes CEE : déductibles directement sur la facture si le montant est validé et si l’artisan est RGE. Par exemple, sur un chantier de 7 000 € HT, une prime CEE de 1 000 € peut être déduite, ramenant le montant à 6 000 € HT avant TVA.
- MaPrimeRénov’ : actuellement suspendue. Cette aide ne peut plus être proposée sur les devis. Informez vos clients de cette suspension et orientez-les vers d’autres dispositifs comme les CEE ou les aides locales disponibles.
Il est indispensable de conserver toutes les preuves des aides appliquées, d’expliquer leur fonctionnement aux clients et de s’assurer que les critères d’éligibilité sont respectés.
Anticiper la facturation électronique 2026
Dès 2026, toutes les entreprises assujetties à la TVA devront émettre des factures électroniques via des plateformes agréées. Les remises devront être clairement structurées, en lien avec chaque ligne de produit ou de manière globale, en indiquant :
- - Le montant HT initial.
- - La remise appliquée.
- - La base de calcul de la TVA.
- - Le montant TTC final.
Une erreur de structuration pourra bloquer le traitement de la facture ou générer un rejet par l’administration.
Impacts des remises sur la rentabilité : des exemples concrets
Avant d’accorder une remise, il est crucial d’analyser son effet sur votre marge.
Exemple :
- Coût de revient d’un chantier : 7 000 €.
- Marge souhaitée : 20 % (1 400 €).
- Prix de vente minimum HT : 8 400 €.
Si une remise de 500 € est appliquée :
- Nouveau prix HT : 7 900 €.
- Marge restante : 900 €, soit 12,8 %.
Cela montre qu’une remise impacte directement vos marges, ce qui doit guider votre décision selon le type de client et le volume du chantier.
Bonnes pratiques pour une remise efficace
- - Toujours calculer l’impact sur la marge avant d’accorder une remise.
- - Établir des plafonds de remise selon le client : 5 % maximum pour les particuliers, jusqu’à 10 % pour les professionnels réguliers.
- - Structurer vos CGV en incluant vos conditions de remise.
- - Exiger un acompte ou un paiement comptant en échange d’une remise.
- - Conserver systématiquement l’accord écrit sur la remise.
- - Ne pas faire de la remise un réflexe systématique, pour préserver la valeur perçue de vos prestations.
Questions fréquentes des artisans
Puis-je annuler une remise après un devis signé ?
Non, sauf accord écrit via un avenant signé par les deux parties.
Puis-je conditionner une remise à un paiement comptant ?
Oui, à condition que ce soit précisé dans le devis et accepté par le client.
Que faire en cas d’oubli de la remise sur la facture ?
Émettre un avoir pour corriger la facture.
La remise affecte-t-elle mes responsabilités ou garanties ?
Non, elle n’impacte ni la garantie décennale ni vos responsabilités légales.
La remise sur facture est un outil commercial qui, bien utilisé, permet de finaliser des ventes, d’ajuster ses prix sans sacrifier la qualité et de fidéliser sa clientèle. Elle doit être appliquée avec rigueur, en veillant à sa conformité comptable et fiscale, tout en contrôlant son impact sur la rentabilité de chaque chantier.
Avec l’arrivée de la facturation électronique, maîtriser vos pratiques de remise aujourd’hui vous permettra de gagner en efficacité et en sérénité demain.